Quelle
différence entre un artiste comme Polanski ou Matzneff et Robert B. ? Comme
Gabriel Matzneff, le tout-Paris des années 70 défendait le sexe entre adultes
et enfants.
L’écrivain
se vantait de son goût pour la pédophilie. Il était soutenu par de nombreux
intellectuels, qui ne concevaient pas la souffrance des victimes.
Matzneff
milite pour que la pédophilie soit décriminalisée. En 1977, il rédige un texte
que le Tout-Paris cosigne, mais il n’est écrit nulle part dans la tribune qu’il
en est l’auteur. Parmi les 69 signataires, on trouve Louis Aragon, le
sémiologue Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, le cinéaste
Patrice Chéreau, le philosophe Gilles Deleuze, André Glucksmann, l’écrivaine
Catherine Millet.
On voit bien ici la logique de ces demandes qui s’inscrit dans une libération sexuelle totale, faisant des enfants des êtres qui devraient bénéficier des mêmes droits que les adultes, comme celui de faire l’amour. À l’époque, l’idée de leur non-consentement éventuel est écartée. Dans les années 1970, le droit définissait strictement la pédophilie, et les mœurs post-68 voulaient qu’interdire le sexe avec les enfants soit une énième interdiction à abattre.
Deux ans plus tard, Libération publie une lettre de soutien à un homme accusé de pédophilie pour avoir vécu avec des jeunes filles de 6 à 12 ans chez lui. 63 personnes ont signé ce texte, dans lequel on peut lire cet extrait au sujet des petites filles concernées : “[leur]air épanoui montre aux yeux de tous, y compris de leurs parents, le bonheur qu’elles trouvent avec lui”.
Sinon
le jardin de mon père semble un beau jardin, un jardin bien entretenu. Comment
peut-on cultiver son jardin selon le mot de Voltaire, en semant la désolation
autour de soi ?
Mais
au moins Polanski et Matzneff ont laissé une œuvre derrière eux. Qu’aura laissé
mon père ? Une ruine en ma personne avec la complicité de sa femme ? Son
jardin, les fruits et légumes qu’il fait pousser ? Ou alors celui qu’il a
reconnu comme son légitime fils, Vincent B., un artiste contemporain
d’avant-garde et désintéressé, qui je l’espère pour lui a été protégé par sa
mère des assauts brutaux, sexuels et intrusifs de son père… Sans doute… Il a
l’air plutôt épanoui et bien dans sa peau et le petit garçon que l’on voit sur
la première photo est sans doute le sien, je suis donc officiellement son oncle
! Peut-être que son grand-père l’initiera comme moi, aux joies de l’amour libre
et de l’inceste, de la pénétration non consentie dans l’intimité ! Et
évidemment je n’ai pas été mis au courant car je suis tricard dans ma propre
famille ! Le pire ayant été d’être rejeté comme un produit usagé et méprisé,
sans doute parce que j’étais trop docile donc consentant.
J’imagine
le laïus pathétique de Nathalie B. née Duthoit en pleurs : « Si tu touches un
cheveu de mon fils je te quitte ! Tu peux violer, sodomiser Hélène ou Juliette
comme ça te chante mais ne touche pas un cheveu de mon fils ! » Ah le brave
petit Vincent surprotégé par sa maman et sa grand-mère maternelle, je l’ai
toujours dit que pour s’en sortir dans la vie il fallait être surprotégé par sa
maman. Là où Vincent s’en sortira toujours par le fun et la
facilité, Hélène s’en sortira par l’intellect et la prudence ; quant à Juliette
elle ne s’en est pas sorti.
Emmanuel
Mousset (professeur de philosophie) : « Ce que je retiens, c’est ton
assimilation mécanique de l’autorité à l’abus. De même que je défends la vie
privée, je défends aussi l’autorité : deux notions qui disparaissent aujourd’hui.
J’aime
l’Amérique en Amérique ; je n’aime pas la version bâtarde qu’en font les autres
peuples, incapables d’exister par eux-mêmes. »
Moi
: « Chez mon père il ne s’agissait pas d’autorité mais d’abus. Abus de tout :
autoritarisme, brutalité verbale, violence physique, sexualité intrusive.
Mélange de tout. Et cerise sur le gâteau : reniement… C’est ce qui se passera
avec Macron, après le cycle de la violence il finira par renier la France. »
Emmanuel
Mousset : « Ton père ne m’intéresse pas, le mien non plus. Je parle de
l’autorité en général, que plus personne n’accepte aujourd’hui. »
Moi
: « Macron est un très mauvais « père » de la nation, comme mon père fut un
très mauvais père de famille. Il est chahuté comme un mauvais maître qui ne
fait pas autorité mais abuse de son autorité en faisant preuve d’autoritarisme
(mutilations, yeux arrachés, mains amputées…). »
Emmanuel
Mousset : « Un père est toujours un mauvais père. L’essentiel est qu’il soit un
père. Quant aux Gilets jaunes, ils n’ont que ce qu’ils méritent. »
Moi
! « Écoute ta génération de baby-boomers que tu encenses, a détruit le dernier
« père » bienveillant et responsable de la nation en la personne de De Gaulle,
et n’a produit globalement que de la merde. Normal qu’il y ait une réaction,
malheureusement sans doute beaucoup trop tardive.
Les
baby-boomers ont beaucoup réfléchi à leur épanouissement personnel, avec force
intellectuels pour les soutenir dans leur recherche de « la beauté, de la
liberté, de l’art et de l’amour » ; mais ils ont totalement laissé de côté la
question de la transmission du monde tel qu’ils l’avaient trouvé, aux
générations futures. D’où la crise actuelle.
Quant
aux États-Unis, comme s’ils n’étaient pas impérialistes ! Et comme si les
peuples qui le subissent étaient les seuls responsables de ne pas pouvoir
exister par eux-mêmes. »
La
société s’américanise, donc se protestantise et se puritanise. Certains
devraient être contents, surtout ceux que j’ai toujours connu faire l’apologie
des États-Unis.
À la
Renaissance, la pédophilie était évidemment condamnée formellement mais dans
les faits je crois que c’était toléré. Notre époque produit beaucoup plus de «
richesses » que la Renaissance, pourtant elle est très peu créatrice, ou alors
c’est du bidon.
Il y
a beaucoup plus de paillettes et de divertissement dans ce qu’on appelle la «
création artistique » aujourd’hui que de création d’auteurs à proprement
parler. Il s’agit davantage d’une industrie, comme celle de Disney, qui au
passage prône le politiquement correct, le multiculturalisme et l’antiracisme,
voire l’homosexualité (mais comme le fond et la forme sont complètement
superficiels et consensuels, ça tombe totalement à l’eau). Sauf dans le cas
d’auteurs véritables dans le cinéma qui tendent à disparaître, comme Pasolini ou
Polanski et quelques autres dont Woody Allen, de vrais auteurs tous trois
sulfureux sur le plan sexuel.
Star
Wars ce n’est plus de l’art, ce n’est plus du cinéma d’auteur, c’est
une industrie depuis la dernière trilogie chapeautée par Disney qui n’a ni
queue ni tête, les deux premières étaient intéressantes car le fruit de
l’imagination d’un rêveur, George Lucas.
C’est
en réaction à une forme de corruption de l’église catholique qui tolérait
notamment la pédophilie et bien d’autres choses, en échange d’argent sans doute
dans le cadre du commerce des indulgences, que le protestantisme a réagi dans
un mouvement de puritanisme. Mais l’église catholique ne protégeait-elle tout
simplement pas la création artistique comme moyen de rédemption, ce que le
protestantisme n’a jamais compris ?
Le
monde s’est enlaidi depuis beaucoup plus longtemps qu’on ne le croit, et cet
enlaidissement découle de la crise du catholicisme en Occident et de la
Réforme. Mais cela ne vaut que pour ceux qui placent l’art au-dessus de la
morale pour soigner le monde de ses maux. Dans une société qui tolérait la
pédophilie comme celle des Grecs anciens par exemple, elle n’entraînait aucun
dégât psychique mais aidait au contraire les jeunes à s’élever à hauteur de
leurs tuteurs.
Les
protestants quant à eux subordonnent l’art à la morale et n’ont que faire de la
grâce pour lutter contre la corruption. Mais de nouvelles formes de corruption
et de violence apparaissent quand on fait de l’argent le seul moyen de trouver
son salut.
Les
dégâts psychiques ne sont le fruit que de la puritanisation de la société, que
je déplore, mais ils sont réels dans le cadre de notre société hyper-protégée
et formatée. Donc Polanski, Woody Allen ou Matzneff sont condamnable car leurs
actes ont suscité l’incompréhension et la sidération de leurs victimes. Il ne
s’agit pas d’une simple chasse aux sorcières, car il y a eu de jeunes gens dont
l’innocence a été bafouée dans le cadre d’une société puritaine et hygiéniste
qui n’a plus la compréhension de la rédemption par l’œuvre d’art.
L’humanité
aurait pu s’enrichir par d’autres voies et faire un usage plus raisonné des
progrès scientifiques et techniques. Ce n’est pas le progrès en soi que je
déplore c’est l’idéologie néolibérale d’inspiration largement anglo-saxonne qui
le sous-tend ; c’est l’individualisme, le darwinisme social dans les rapports
humains, le formatage et la puritanisation de la société. Pourquoi être
désormais si pressé de « progresser » et d’innover constamment dans le cadre de
la destruction créatrice (Schumpeter), en réalité en détruisant tout l’héritage
du passé jusque dans l’éducation des enfants, alors que nous pourrions prendre
notre temps pour réfléchir aux conséquences de nos actes ? Notre société
ressemble à une folle fuite en avant, sans aucune cohérence, absurde, comme la
dernière trilogie de Star Wars.
L’
être humain constitue une erreur de la nature, c’est un néotène qui à la
différence des autres animaux naît totalement inachevé et garde des caractères
larvaires tout au long de sa vie, c’est un ratage biologique. Mais il compense
par son habileté technique.
Appliquer
le darwinisme aux rapports sociaux comme le font les néolibéraux, qui par dogme
sont souvent climatosceptiques, est un énorme et très dangereux contresens pour
l’équilibre de la planète, puisque l’Homme n’est pas un animal comme les autres
et qu’il a besoin d’un chez-soi pour se développer, voire dans
le meilleur des cas s’épanouir, surtout dans ses premières années qui
conditionneront tout son avenir. La préservation de la planète mais aussi celle
de la transmission entre générations d’un patrimoine, et donc la survie de
l’espèce humaine est en tout cas incompatible avec le néolibéralisme,
c’est-à-dire le darwinisme social et la destruction « créatrice ».
Le
progrès technique n’a jamais sauvé personne, il peut aider à trouver le salut
en améliorant les conditions de vie de chacun, mais il ne saurait constituer à
lui seul un moyen de rédemption, c’est là que ses idolâtres comme les
transhumanistes se trompent lourdement. L’argent de la même façon peut aider à
améliorer le cadre de vie, mais ne saurait constituer à lui tout seul un moyen
de salut, c’est là que ses idolâtres comme les protestants font fausse route.
La rédemption est une affaire purement personnelle, et les catholiques qui
pensaient la trouver dans la grâce notamment au moyen de l’art, étaient
certainement plus proches de la vérité.
Il
serait donc souhaitable d’aller bien plus loin que payer des taxes pour sauver
le climat, cela ne suffira pas. Il faudrait rompre avec notre modèle économique
libéral qui se fonde sur une conception erronée de l’Homme, consistant à le
considérer comme un animal identique aux autres et devant constamment s’adapter
à son milieu pour survivre dans le cadre du struggle for life. Il
serait aussi souhaitable que l’Homme arrive à trouver son salut de façon
personnelle, pour arriver à sauver quoique ce soit d’autre, dont la planète !
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